Les constructions de pulls en tricot circulaire

Que vous vous apprêtiez à tricoter votre premier pull, ou que vous ayez déjà quelques vêtements à votre actif, il est facile de se perdre dans les différentes constructions de pulls en tricot. Qu’est-ce qu’un raglan, un yoke ? Quelle est la différence entre une épaule marteau, une épaule tombante et une manche montée ?

Dans cet article, je vous explique les principales constructions de pull, avec des schémas et des exemples de patrons pour vous aider à vous y retrouver.

Différentes constructions de pull

Dans cet article, je vais aborder cinq constructions de pull classiques en tricot. Elles sont également valables pour les cardigans, les vestes et les t-shirts tricotés :

  • Le pull à emmanchures raglan

  • Le pull à épaules tombantes, ou manches tombantes, drop shoulder en anglais

  • Le pull à empiècement circulaire, plus communément appelé yoke en anglais et en français

  • Le pull à manches montées, set-in sleeve en anglais

  • Le pull à manches marteau, ou épaules marteau, saddle shoulder en anglais

Il existe bien d’autres constructions, des constructions hybrides (partiellement raglan, partiellement yoke…) ainsi que des variantes autour de ces grandes familles. Par exemple, la méthode Contiguous développée par Susie Myers, qui tient à la fois du raglan, de la manche montée, voire de la manche marteau… Les constructions de pull en tricot pourraient faire l’objet d’un livre entier, mais ici, je vais simplement vous proposer un tour d’horizon des formes de pulls les plus communes en tricot.

Aujourd’hui, le tricot circulaire sans coutures domine dans les patrons modernes, car ses avantages séduisent autant les designers que les tricoteurs, débutants et confirmés :

  • Il permet d’essayer son tricot en cours de projet

  • La longueur du corps, des manches et la profondeur de l’emmanchure (selon les constructions) est facilement ajustable pendant le tricot

  • Il évite l’étape de finition des coutures en fin de projet

Le tricot circulaire par le haut a été popularisé dès les années 70 par Barbara Walker, avec son livre Knitting from the Top qui a énormément influencé les patrons de tricot jusqu’à nos jours.

C’est sur cette méthode, le tricot en rond du haut vers le bas, top down en anglais, que je vais m’attarder dans cet article.

Le pull raglan

La forme raglan est l’une des plus populaires pour les pulls, les t-shirts et les hauts de style décontracté ou sportswear.

Son origine remonterait aux alentours de 1855, lorsque le tailleur d’un Lord qui avait perdu un bras pendant la guerre de Crimée (aujourd’hui connu comme le premier Baron Raglan, du nom d’un village dans le sud du Pays de Galles) a développé cette emmanchure pour lui offrir plus de confort (source : Ready Set Raglan édité par Pompom Mag).

Le raglan offre de nombreux avantages aux tricoteurs et aux designers tricot, ce qui explique sa popularité pour les patrons. Les raglans ont une forme classique, reconnaissable et connue. Cette emmanchure confortable convient à un grand nombre de tailles et de morphologies. Les pulls raglan sont relativement simples à grader et à expliquer, et particulièrement adaptés au tricot circulaire top down.

La construction d’un pull raglan

Schéma d'un pull tricoté en raglan, vu du dessus, de face et de côté.

Pull raglan vu du dessus, de face et de côté.

Le pull de raglan se distingue par les lignes de raglan qui partent de quatre points du col pour aller en diagonale jusque sous les manches.

Il s’agit des lignes d’augmentations (lorsque tricoté du haut vers le bas), de diminutions (lorsque tricoté du bas vers le haut) ou de coutures (lorsque tricoté à plat et assemblé). Les mailles se trouvant entre les augmentations ou les diminutions, et qui forment ces lignes, sont appelées “mailles de raglan”.

Tricoter un pull raglan top down

Pour tricoter un pull en raglan en circulaire du haut vers le bas :

  • On monte les mailles de l’encolure

    • Il est possible de joindre le tricot pour tricoter en rond immédiatement,

    • ou bien de tricoter quelques rangs en aller-retour avant de rejoindre afin que l’encolure remonte plus haut dans le dos qu’à l’avant du cou

  • On définit quatre mailles de raglan qui délimiteront les quatre sections du pull (le devant, le dos, la manche droite et la manche gauche)

  • On effectue des augmentations de part et d’autre de chaque raglan un tour sur deux, soit 8 augmentations tous les deux tours

  • Une fois la partie raglan terminée, on met en attente les mailles des manches (les deux petites sections) et on tricote les mailles restantes en rond pour former le corps du pull

  • Les mailles des manches en attente sont reprises et tricotées en rond pour former les manches

Les modèles peuvent dévier de cette recette de base :

  • Chaque raglan peut être constitué de deux mailles ou plus au lieu d’une

  • Le style d’augmentations peut être différent (augmentations intercalaires, croisées, jetés…)

  • Le rythme d’augmentations peut être adapté, par exemple des augmentations plus rapprochées au début pour former les épaules, puis plus espacées au niveau des manches, ou encore des augmentations uniquement dans les sections du devant et du dos dans un premier temps, puis uniquement dans les sections des manches…

Le rythme de 8 augmentations tous les deux tours, soit 4 augmentations par tour de tricot en moyenne est le point de départ des pulls en raglan ainsi que de tous les pulls à empiècement.

Exemples de pulls raglan

Le pull à épaules tombantes

Le pull à épaules tombantes, ou manches tombantes, appelé drop shoulder en anglais, est une forme très populaire et très simple à tricoter. Le devant et le dos sont en fait deux rectangles, et les manches de simples cylindres. Cette simplicité fait que les pulls à épaules tombantes sont à la fois faciles à expliquer dans des patrons de tricot, et de parfaites bases pour une grande variété de motifs : dentelles, torsades, jacquard…

La construction d’un pull à épaules tombantes

Schéma d'un pull tricoté à épaules tombantes, vu du dessus, de face et de côté.

Pull à épaules tombantes vu du dessus, de face et de côté.

Le pull à épaules tombantes se distingue par une ligne d’épaule qui descend jusque sur le bras. Vue de côté, la jonction de la manche apparaît perpendiculaire à cette ligne, formant un “T” inversé.

Tricoter un pull à épaules tombantes top down

Pour tricoter un pull à épaules tombantes en circulaire du haut vers le bas, on procède le plus souvent comme suit :

  • On monte les mailles du dos, c’est-à-dire les mailles correspondant à la largeur d’épaule à épaule, au milieu desquelles se positionnera plus tard l’encolure

  • On tricote le dos tout droit pour la hauteur correspondant à la profondeur d’emmanchure

  • On relève des mailles dans le rang de montage, de part et d’autre de l’emplacement de l’encolure, puis on tricote chaque demi-devant tout droit pour la hauteur correspondant à la profondeur d’encolure

  • On monte des mailles supplémentaires pour faire se rejoindre ces deux demi-devants, puis on tricote le devant tout droit pour la hauteur correspondant à la profondeur d’emmanchure, soit la même que celle du dos

  • On joint les morceaux du dos et du devant pour tricoter le corps du pull en rond

  • Des mailles sont relevées le long des ouvertures pour tricoter les manches et l’encolure en rond

Cette manière de procéder n’est qu’un exemple, il existe plusieurs variantes :

  • L’ordre de tricot, entre le dos, le devant, et le demi-devant par lequel commencer peuvent varier selon les modèles, en fonction des préférences de chaque designer ou des nécessités des explications ou des points qu’il a choisis

  • Certaines personnes préfèrent commencer par un montage provisoire et récupérer les mailles provisoires des épaules plutôt que de relever des mailles le long du rang de montage

  • Certaines personnes préfèrent commencer par tricoter l’encolure (en rond) et monter des mailles supplémentaires, provisoirement ou non, de chaque côté pour former la ligne d’épaule

La longueur de la ligne d’épaule ainsi que la profondeur d’emmanchure peuvent varier énormément d’un modèle à l’autre, donnant des silhouettes très différentes.

Les pulls à épaules tombantes se prêtent également très bien au tricot du bas vers le haut. Dans ce cas, les épaules sont le plus souvent refermées par un rabat à trois aiguilles ou un grafting (remaillage) pour une finition invisible.

Exemples de pulls à épaules tombantes

Le pull à empiècement circulaire yoke

Dans le contexte du tricot, en anglais, yoke signifie “empiècement”. Pour plus d’exactitude, on parle de circular yoke pour un pull à empiècement circulaire (par opposition à raglan yoke, puisqu’un raglan est également une forme d’empiècement). Ici, je vais parler de “yokes” pour désigner les empiècements circulaires, car même si l’expression est inexacte, c’est la plus communément utilisée et la mieux comprise.

La construction en yoke est particulièrement utilisée pour les pulls en jacquard, puisque l’absence de coutures ou lignes de construction permet de faire courir le motif sur tout le pull sans interruption. On trouve également beaucoup de pulls avec des empiècement en dentelle qui utilisent cette construction pour la même raison.

C’est une construction beaucoup plus courante dans le tricot à la main que dans les tricots industriels, car un pull en yoke est nécessairement tricoté d’une seule pièce.

La construction d’un pull yoke

Schéma d'un pull tricoté à empiècement circulaire, vu du dessus, de face et de côté.

Pull yoke vu du dessus, de face et de côté.

Sur un pull en yoke, aucune ligne de construction définie n’apparaît. L’empiècement a une forme de cône, auquel sont attachés les cylindres du corps et des manches, sans ligne apparente.

Les augmentations (lorsque tricoté du haut vers le bas) ou diminutions (lorsque tricoté du bas vers le haut) sont réparties de manière à être le plus discrètes possibles.

Tricoter un pull yoke top down

Comme les pulls en raglan, les pulls en yoke sont des pulls à empiècement. Cela signifie que les mailles qui formeront ensuite les manches sont tricotées en même temps que le devant et le dos, puis mises en attente, et que les augmentations sont effectuées au rythme moyen de 4 augmentations par tour.

Cela signifie que si l’empiècement fait 50 tours, dont 4 tours d’augmentations, chaque tour pourrait comporter 50 augmentations (4 augmentations par tour x 50 tours = 200 augmentations, divisées par 4 tours d’augmentation = 50 augmentations par tour d’augmentations). Il s’agit d’un exemple : dans un patron réel, les tours d’augmentation sont inégaux.

Un pull en yoke se tricote comme ceci :

  • On monte les mailles de l’encolure et on les rejoint pour tricoter en rond

  • La plupart des tours sont tricotés sans augmentations, tandis que plusieurs tours rassemblent un grand nombre d’augmentations réparties tout au long du tour

  • Une fois l’empiècement terminé, on délimite les manches, dont on met les mailles en attente avant de tricoter les mailles restantes en rond pour former le corps du pull

  • Les mailles des manches en attente sont reprises et tricotées en rond pour former les manches

Si les pulls en yoke ont un aspect très simple, le placement des tours d’augmentations et la répartition pour chacun de ces tours peuvent altérer la forme finale et le confort significativement. Ces derniers peuvent beaucoup varier d’un modèle à l’autre, en fonction des préférences du designer ainsi que des contraintes du motif qu’il a éventuellement choisi pour l’empiècement.

Les instructions pour les tours d’augmentations peuvent prendre plusieurs formes :

  • Dans le cas d’un empiècement à motif, elles peuvent être intégrées au motif ou situées de part et d’autre de chaque motif

  • Le designer peut indiquer d’effectuer une augmentation toutes les X mailles

  • Le designer peut indiquer d’effectuer X augmentations réparties sur le tour, laissant le tricoteur faire le calcul et répartir les augmentations au mieux

Exemples de pulls yoke

Le pull à manches montées

Les pulls à manches montées sont les plus répandus dans le commerce, et beaucoup moins dans les patrons de tricot circulaires en top down. Leur aspect plus sophistiqué peut donner l’impression qu’ils sont plus compliqués à tricoter, mais il existe plusieurs méthodes simples pour obtenir une manche montée sans couture en tricot.

La construction d’un pull à manches montées

Schéma d'un pull tricoté à manches montées, vu du dessus, de face et de côté.

Pull à manches montées vu du dessus, de face et de côté.

Le pull à manches montées ressemble à un pull à épaules tombantes, avec une ligne qui suit l’épaule, mais celle-ci s’arrête à la pointe de l’épaule ou un peu avant, donnant une silhouette plus proche du corps.

Vue de côté, la tête de manche a une forme d’amande, formant un “Y” inversé avec la ligne d’épaule.

Tricoter un pull à manches montées top down

Il existe plusieurs manières d’obtenir un aspect de manche montée en tricot circulaire, et je ne vais pas entrer dans les détails de chacune ici. On peut cependant distinguer deux styles :

  • Le premier consiste à modifier le rythme d’augmentations d’un raglan pour créer une fine ligne d’épaules ; avec cette méthode, le sommet de la tête de manche est tricoté en même temps que l’empiècement et mis en attente

  • Le deuxième consiste à reprendre le système d’un pull à épaules tombantes, tout en raccourcissant la ligne d’épaules pour que la manche ne “tombe” pas ; avec cette méthode, les mailles pour les manches sont relevées et la tête de manche est formée avec des rangs raccourcis

La méthode Contiguous développée par Susie Myers peut donner un aspect de manche montée.

Le choix d’un style ou d’un autre pour la construction d’une manche montée dépend des préférences du designer ainsi que des contraintes des motifs et de la rédaction des explications pour son patron.

Entre un raglan, une épaule marteau et une manche montée, ou encore un pull à manches tombantes relativement hautes et un pull à manches montées construit dans le deuxième style, la distinction peut être délicate…

Exemples de pulls à manches montées

Le pull à manches marteau

Les pulls à manches marteau sont probablement les moins répandus des constructions évoquées dans cet article.

Ils ont un aspect très reconnaissable, avec la bande le long de l’épaule qui leur vaut le nom de “marteau” en français et de saddle en anglais.

Cette bande qui se prolonge en manche offre à la fois une touche d’originalité et beaucoup de possibilités créatives : une torsade qui se poursuit dans la manche, un jeu de rayures, le contraste des matières ou encore des fronces… Bien que cette construction ne soit pas très répandue, on trouve plusieurs très beau patrons de tricot dans la famille des manches marteau.

La construction d’un pull à manches marteau

Schéma d'un pull tricoté à manches marteau, vu du dessus, de face et de côté.

Pull à manches marteau vu du dessus, de face et de côté.

Le pull à manches marteau, ou à épaules marteau a un aspect unique. Il ressemble à la fois au raglan, au pull à manches montées, ou au pull à épaule tombante, selon la longueur de la bande d’épaule.

De chaque côté, deux lignes parallèles suivent l’épaule avant de s’éloigner au niveau de la manche, pour se rejoindre sous l’emmanchure. La bande d’épaule peut être plus ou moins large selon les modèles.

Tricoter un pull à manches marteau top down

Comme pour les pulls à manches montées, il existe beaucoup de manières différentes d’obtenir une manche marteau et je ne vais pas les détailler ici. Voici quelques manières de procéder :

  • Une épaule de forme marteau peut être formée sur le principe du raglan, en adaptant le rythme des augmentations

  • Les bandes d’épaules peuvent être tricotées en premier, et les mailles relevées le long de ces bandes pour former le devant et le dos

  • Selon la longueur des bandes d’épaules et l’effet voulu, les manches peuvent être de simples cylindres, comme pour un pull à épaules tombantes, ou bien être travaillées avec des rangs raccourcis pour se rapprocher de manches montées

Là aussi, la distinction entre un pull à manches marteau, un raglan modifié, un pull en méthode contigue peut être délicate et subjective.

Exemples de pulls à manches marteau

Conclusion

J’espère que vous voyez maintenant plus clair dans les différentes constructions de pull en tricot !

Il ne s’agit pas de la totalité des constructions qui existent, loin de là, mais la plupart des modèles de pulls se retrouvent dans l’une de ces cinq grandes familles.

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